- Hmpff... je...
- Oui, c'est pour ?
- C'est trop tôt pour vous acheter un carnet ?.. Bonjour monsieur.
- Euh... Non c'est bon. Vous payez par carte ? (tendant la main vers l'automate)
- Oui mais...
- Vous savez que vous pouvez le faire...
- Oh oui, je sais, à la machine. Mais c'est déjà pas de gaieté de cœur que j'achète des tickets, alors j'aime autant les acheter à une personne vivante.
- Oui, je peux vous comprendre. Un carnet ? (un instant) Mais vous savez, on va disparaitre, nous.
- Ça va devenir gratuit ?
- Non... (sourire) Vous ne pourrez plus acheter vos tickets qu'aux bornes automatiques.
- C'est bon pour les bénéfices de votre employeur...
- Ouais, ça ! Votre code, s'il vous plait.
- (je compose) Mais c'est aussi un peu moins de présence humaine dans les lieux publics.
- Eh, je sais monsieur. (un instant) Tenez, regardez...
- Oui !
- Les passagers du TGV attaqué l'autre jour...
- Je me doutais que vous alliez me parler de cela.
- Ils ont raison de se plaindre du fait qu'il n'y pas assez de personnel pour les soutenir quand il arrive quelque chose comme ça. Mais le reste du temps, ils ne se soucient pas que les machines prennent de plus en plus de place dans nos vies... (un instant) Et que, c'est bien beau la rentabilité, mais c'est pas les machines qui vont vous aider en cas d'incident !
- Eh, je sais monsieur, c'est aussi pour cela que je viens m'adresser à vous plutôt qu'à la machine.
- Quelque part, vous avez raison ! Mais ils s'en foutent, là-haut, ils ont décidé qu'on devait disparaitre, c'est tout !
- Écoutez, même si je suis une ligne marginale de la statistique, je veux quand même la faire exister, cette infime marge de ceux qui achètent encore leurs tickets à des humains.
- Eh oui, c'est sympa (sourire). Mais le souci, c'est que vous n'êtes pas assez nombreux. Il faudrait que tous les gens qui prennent le métro fassent comme vous. Et encore...
- Je vais en parler autour de moi.
- Oui (sourire). Tenez, vos tickets.
- Merci monsieur, bonne journée.
- De même.
Blog des émissions LE FERRE CLUB (mercredi, 16h) et NUIT NOIRE (1 lundi /2, 22h30) @ Radio Libertaire