"Dans l’univers du révolté, la mort exalte l’injustice. Elle est le suprême abus" - Albert Camus
Dans ce petit cimetière de la vallée de l'Orge, un rayon de soleil, comme un dernier sourire que tu nous adresses. Le sourire. Il était ton indéfectible compagnon, fortune et infortune, un soleil que tu trainais dans les rues de notre Paname à nous. On a tous un Paname à nous. Moi, c'est dans le tien que je sortais des sentiers battus. Mahdi, compagnon initiateur d'envol.
La rue des Panoyaux, elle était déjà une façon de dire que le rectiligne voué à l'ennui ne te concernait pas. C'était bien avant que l'agent ne vienne s'y plaire. Elle était le point de rendez-vous avant les autres. Avant de descendre - parfois de remonter. L'avenue de la République, et ses bancs domestiqués, dedans comme dehors, premier de nos terrains de jeu. Du Lycée Voltaire au Métro Saint-Maur - sortie Saint-Maur, chaque centimètre d'ennui donnait couleur au bitume. Du Suprême groove enquillé en auto-reverse, de la Corio pour réinventer le mur, des heures de long en large. L'ennui, cette indécence. Tu savais que la vie n'attend pas.
Et puis, le "plus loin"... Du terrain de sport du Boulevard de Ménilmontant jusqu'à chez Tikaret, plus haut Stalingrad et son mur, derrière La Chapelle et sa zone, revenir sur nos pas, "Lachoum" par la rue des Amandiers, retour casa. Et puis, le "plus tard"... Dans la 305 Bordeaux du père de Mouloud, à dériver à l'aise, on dérivait. Paris et ses filles à rêver, partout - qu'est-ce qu'on rêvait ! Des convictions pour débattre, pas seulement, pour comprendre aussi. Et un match de foot qui se termine tard, boulevard de Strasbourg, l'occasion d'en rouler un petit dernier, allez !
Ouais, il y avait des cigarettes. Il y avait les vraies, et celles que l'on maquillait. "La substantifique moelle, comme aurait pu dire Rabelais !", aimais-tu répéter. Tu étais sans doute bien de ces Rabelaisiens modernes, Mahdi, gourmands de tout, gourmands de trop. Nos joints, comme autant d'ailleurs, parce que nous ne savions pas vraiment partir autrement. On aurait du s'arracher - se les arracher. On aurait du croire davantage en demain. Si j'avais su... Si j'avais su... C'est bien facile ! Je veux me l'arracher, cette cigarette. Parce que la vie ne peut laisser sans écho le départ d'un ami. Parce que la vie peut aussi avoir deux grands yeux immenses, superbes, avec cette petite espièglerie complice, le sourire dans le sourire, les grands yeux de tes deux filles. Là où toujours nous te reconnaitrons.
Nous étions nombreux, autour d'elles et de Corinne, pour te dire au revoir, Mahdi, notre ami. Pour qui une pensée, pour qui une prière, pour tous bien des larmes. Mais le souvenir de ton sourire a empêché nos cœurs de sombrer. Un sourire de Paname. Le tien. Un peu le mien aussi.
Au revoir Mahdi.
DK, Paris, le 12 novembre 2014
Dans ce petit cimetière de la vallée de l'Orge, un rayon de soleil, comme un dernier sourire que tu nous adresses. Le sourire. Il était ton indéfectible compagnon, fortune et infortune, un soleil que tu trainais dans les rues de notre Paname à nous. On a tous un Paname à nous. Moi, c'est dans le tien que je sortais des sentiers battus. Mahdi, compagnon initiateur d'envol.
La rue des Panoyaux, elle était déjà une façon de dire que le rectiligne voué à l'ennui ne te concernait pas. C'était bien avant que l'agent ne vienne s'y plaire. Elle était le point de rendez-vous avant les autres. Avant de descendre - parfois de remonter. L'avenue de la République, et ses bancs domestiqués, dedans comme dehors, premier de nos terrains de jeu. Du Lycée Voltaire au Métro Saint-Maur - sortie Saint-Maur, chaque centimètre d'ennui donnait couleur au bitume. Du Suprême groove enquillé en auto-reverse, de la Corio pour réinventer le mur, des heures de long en large. L'ennui, cette indécence. Tu savais que la vie n'attend pas.
Et puis, le "plus loin"... Du terrain de sport du Boulevard de Ménilmontant jusqu'à chez Tikaret, plus haut Stalingrad et son mur, derrière La Chapelle et sa zone, revenir sur nos pas, "Lachoum" par la rue des Amandiers, retour casa. Et puis, le "plus tard"... Dans la 305 Bordeaux du père de Mouloud, à dériver à l'aise, on dérivait. Paris et ses filles à rêver, partout - qu'est-ce qu'on rêvait ! Des convictions pour débattre, pas seulement, pour comprendre aussi. Et un match de foot qui se termine tard, boulevard de Strasbourg, l'occasion d'en rouler un petit dernier, allez !
Ouais, il y avait des cigarettes. Il y avait les vraies, et celles que l'on maquillait. "La substantifique moelle, comme aurait pu dire Rabelais !", aimais-tu répéter. Tu étais sans doute bien de ces Rabelaisiens modernes, Mahdi, gourmands de tout, gourmands de trop. Nos joints, comme autant d'ailleurs, parce que nous ne savions pas vraiment partir autrement. On aurait du s'arracher - se les arracher. On aurait du croire davantage en demain. Si j'avais su... Si j'avais su... C'est bien facile ! Je veux me l'arracher, cette cigarette. Parce que la vie ne peut laisser sans écho le départ d'un ami. Parce que la vie peut aussi avoir deux grands yeux immenses, superbes, avec cette petite espièglerie complice, le sourire dans le sourire, les grands yeux de tes deux filles. Là où toujours nous te reconnaitrons.
Nous étions nombreux, autour d'elles et de Corinne, pour te dire au revoir, Mahdi, notre ami. Pour qui une pensée, pour qui une prière, pour tous bien des larmes. Mais le souvenir de ton sourire a empêché nos cœurs de sombrer. Un sourire de Paname. Le tien. Un peu le mien aussi.
Au revoir Mahdi.
DK, Paris, le 12 novembre 2014