Une émission préparée par Chris et Sylvie, que vous pouvez retrouver sur le site leo-ferre.eu. Un grand merci à elles.
Au sommaire : Générique SCL - La poésie...
"- Si ça n'va pas
Tu peux toujours aller la voir
Tu demand'ras
La Poésie
On t'ouvrira
Même si ell' n'est pas là
D'ailleurs ell' n'est pas là
Mais dans la têt' d'un fou
Qui s'prend pour un hibou
A regarder la nuit
Habillée de souris
Comme sa bonne amie
La Poésie -"
... - Les oiseaux du malheur - Les hiboux (Ch. Baudelaire ; en public "Alors Léo") - Anecdote dans "Alors Léo" à propos du hibou Sosthène - Les copains de la neuille (en public "Alors Léo") - L'Opéra du Pauvre (l'avocat de la Nit est un hibou) : premier tableau, scène 4 (le hibou et le coq) + scène 5 (le code de la Nuit, duo Nuit / hibou) - texte Demain, par Joan Pau Verdier...
"- Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, c'est sûr. Je n'ai pas le temps de vous expliquer pourquoi, mais c'est ainsi. Moi, les oiseaux de nuit, je les mets à mon heure, les fuseaux horaires, je m'en arrange. Sur mon hibou 747 je pars en vacances, et mes vacances c'est Demain. Demain, c'est la mort aux lèvres et le sourire de la Joconde rentrée dans le poing de Vinci.
Demain c'est la seule idée valide que je vous concède. Vos constitutions, vos morales, votre café au lait du matin, vos chemises échancrées qui plissent sur le pressing, le premier à gauche, dans votre quartier, tout ce qui vous muselle, tout ce que vous adorez, tout ce qui est votre mort quotidienne, tout cela, pour moi, c'est terminé.
Sur les lacs, des chevaux mangent des fleurs fanées, et leurs photos ses reflétant dans les eaux tristes leur reviennent à leurs museaux tout embrumés. Demande-donc une douzaine de chevaux à ton fleuriste.
Demain ? Un mot, un fauteuil désossé, une chanson parlée d'une voix mesurée au métronome des grands vents du nord battant sur la chaussée d'une ville perdue, une fille extasiée dans un coin de porte et se signant à l'approche du voleur de filles, une lettre postée trop tôt et que le collecteur du courrier à Paris, à 17 h 30, ne voudra pas te rendre parce qu'il ne te connaît pas, le tube d'aspirine que tu manges en te grattant la tête et en cherchant de côté un regard fraternel, cette bouteille d'eau minérale qui ne vient même pas de la terre, cette auto qui dérape et qui engorge l'autoroute.
Demain ? Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, je deviens moins un. Rien. Je suis Rien.
Le mec que tu regardes, ce soir, sur la scène, ce mec aux cheveux blancs, avec sa tête qui ressemble à un trapèze, n'est pas là.
Les chansons qu'il chante, tout ce qui t'arrive dans les yeux et les oreilles, tout cela a été fait, dit, et redit depuis longtemps.
Le mec que tu regardes, c'est de l'illusion.
Demain, c'est la mort figurée. On vous la vend, cette mort figurée on vous vend cet artiste pâli sous des projecteurs réglés, soumis. On vous vend par petits paquets, par petits fauteuils, à des prix acceptables, un artiste qui s'est vendu pour un prix accepté.
L'argent c'est le sourire du désespoir. Demain, c'est aussi le désespoir. Alors, Demain tu seras riche, mon camarade. Car ce que je te donne n'a pas de prix.
Accepte-moi comme je t'accepte.
Demain, je t'aime. -"
... - Le chant du hibou (Léo Ferré, pour violon et orchestre)
Pour réécouter Le Ferré Club (n° 47) by SCL Le Chant Du Hibou, c'est ici !
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